Elle fit une pause et sa présence ce fit plus importante dans l'esprit des loups, elle voulait qu'ils l'identifient bien en tant que Rakuen et non pas un rêve banal qu'ils auraient pu faire.
« Être accompagné d'un Kokaku pourrait vous permettre d'avancer plus rapidement dans la difficulté, puissiez-vous comprendre mes paroles, mes enfants. »
Elle commença à estomper sa présence et fit un signe de tête à chaque loup dans chaque rêve. Elle s'évanouit alors dans une trainée blanche, unique trace de son passage.
Il y a un temps pour tout, tu me le disais souvent lorsque je voulais me dépêcher de faire quelque chose mais je n'écoutais pas et je n'en faisais qu'à ma tête. Je voulais tout faire comme toi et te ressembler pour que tu sois fière. Je scrutais ce regard avec lequel tu me couvais et lorsque mes yeux rencontraient les tiens, je tournais la tête, rougissant devant toi. Tu souriais et tu n'ajoutais rien, tu comprenais tout sans que j'ai à te parler, tu étais si importante à mes yeux que je n'aurais jamais imaginé ce qui pourrait t'arriver ce jour là...
Ta vie a basculé vers ce paradis dont seule Rakuen possède les moyens d'y pénétrer. Ma vie est partie dans les ténèbres de la nuit, oubliant de me redonner une lueur à pouvoir suivre. Alors j'ai hurlé, j'ai hurlé si fort que j'en ai perdu la voix. J'ai hurlé au monde ma souffrance mais ma douleur n'était que plus forte à mesure que ma voix s'estompait.
C'est ce jour là où j'ai perdu ma voix pour chanter.
J'ai eu l'impression d'être abandonnée, seule dans l'obscurité que représentait ton absence. Puis dans ces ombres, une lumière est venue me chercher, elle m'a tendu la patte pour m'aider à me relever. Son sourire me sortit de ma torpeur alors que je commençais à sombrer dans un état de tristesse presque maladif. Une seconde lueur était venue, accompagnée de la première, me poussant du museau pour que je reprenne vie.
Mes deux sauveuses resteront à jamais dans mon esprit, dans mon cœur mais surtout dans mon âme.
La veille j'avais été voir ma meilleure amie, cette sœur d'adoption que je n'aurais jamais pu imaginer dans mes rêves les plus fous. Elle m'avait sauvé et encore aujourd'hui elle se montrait parfaite en tout point. Je me devais d'aller voir celle qui avait réussi à combler un peu le vide que tu avais laissé. Béant et terrifiant elle n'avait pas hésité à foncer pour tenter de le refermer à grand coup de paroles réconfortantes.
J'arrive non loin de sa tanière et j'espère qu'elle le prendra aussi "bien" que Shime la veille. J'inspire doucement et je m'adresse doucement à la guérisseuse.
« Bonjour Mitsuko. Est-ce que je pourrais te parler si tu as du temps à m'accorder ? »
Je l'aperçois dans le fond de sa tanière et j'attends son autorisation pour la rejoindre ou si elle décide de sortir.
Je regrette tellement de devoir te quitter toi aussi ...
/!\ Ce RP se passe le 6 Juillet de l'année 101 /!\
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La Lieutenante passait beaucoup de temps à l’extérieur ces temps-ci. Il y avait quelqu’un qui avait besoin d’elle. Mais aujourd’hui, la vieille louve avait décidé de rester dans sa tanière. Elle ne pouvait pas dire pourquoi, mais elle avait l’impression qu’elle devait rester là. Avec le temps, Mitsuko avait appris à écouter et à suivre son instinct. L’instinct d’une Soigneuse, d’une Lieutenante et d’une mère.
La tricolore rangeait tranquillement ses plantes, enlevant celles qui étaient trop vieilles ou trop sèches. Mitsu aimait cette activité. Elle était reposante. Et alors que la Lieutenante était au milieu de son activité, une voix se fit entendre. Une voix que la vieille femelle connaissait bien.
« Bonjour Mitsuko. Est-ce que je pourrais te parler si tu as du temps à m'accorder ? » Lui dit-elle en manquant de tomber.
La Taiyou se leva doucement, abandonnant ses plantes. Elle se dirigea vers l’entrée de sa tanière. Suzuki se trouvait là, l’attendant. La femelle lui sourit tendrement.
- Bonjour Suzuki. Lui dit Mitsu d’une voix douce. J’ai toujours du temps pour toi mon enfant, viens. Ajouta-t-elle.
Elle fit demi-tour et invita d’un signe de la queue la jeune louve à la suivre. La vieille tricolore se déplaça dans les différentes galeries qui composaient sa tanière. Au final, les deux femelles arrivèrent dans une petite grotte. Il y avait plusieurs nids de préparer mais tous étaient vides. Mitsuko n’avait aucun patient pour le moment. Elles pouvaient donc parler tranquillement ici.
La Lieutenante savait qu’il y avait quelque chose. Quelque chose que Suzuki ne semblait pas vouloir ébruter. L’instinct de l’ancienne le lui criait. Avec un doux sourire, Mitsu l’invita à continuer.
- Qu’y a-t-il mon enfant ? Qu’est-ce qui te tracasse ainsi ? Lui demanda-t-elle.
Pour montrer à l’enfant qu’elle avait tout son temps, la Soigneuse s’assit confortablement, invitant Suzuki à faire de même.
J'ai toujours eu l'impression de me mentir à moi-même, de me cacher face aux regards des autres dans le seul but de ne pas avoir à faire aux jugements. Je savais pourtant que tu ne me jugerais pas si tu étais là, que tu serais la première à ne pas me rigoler à la truffe si je commettais une erreur. Mais pourtant, j'avais honte, j'avais honte d'imaginer ce qu'ils pouvaient me dire ou me faire. Parce que tu n'étais pas là, je n'avais plus cette envie de poursuivre en restant dans cette réalité consciente que mon esprit pouvait comprendre par le passé. Je ne comprenais pas... ou bien je ne voulais certainement pas comprendre. Ce monde idyllique que je me suis inventée pour pouvoir continuer à vivre sans la présence réconfortante de celle qui m'avait tout appris, celle qui me donnait cette constante raison de vivre.
Tu n'étais pas seulement ma mère, mais tu étais aussi ma jumelle. Tu étais celle qui pouvais me comprendre sans même ouvrir la gueule.
Nous avions ce secret unique à nous, personnel et sans aucune arrière-pensée. Nous étions un tout et nous n'étions rien l'une sans l'autre, le temps m'a appris que tout ce que l'on perd est définitif et nous regrettons tout le restant de notre vie de ne pas avoir autant profité que nous le souhaitions.
C'est ainsi que les regrets arrivent. Nous rongeant de l'intérieur.
Si tu savais à quel point tu me manques... si tu savais à quel point je suis perdue sans ta présence. Parfois je regarde le ciel, cherchant ton visage parmi les étoiles, des heures durant je plonge mes yeux dans le manteau de la nuit, espérant te voir sourire en rigolant doucement. Parfois un sourire timide s'étire sur mes babines en imaginant ce que serait nos retrouvailles après tout ce temps séparées... parfois je me perds et puis je m'endors.
« Je suis revenue hier soir de ma mission qui était d'enquêter sur ce fameux brouillard. J'ai... »
Je fis une pause, le courage me manquait mais il allait revenir, il n'y avait pas de raison pour qu'elle m'en veuille puisque Shime avait accepté ma décision... je ne voulais pas lui faire de la peine mais il fallait que je lui dise, ne serait-ce que par réflexe pour elle.
« J'ai décidé de quitter la meute. Je ne me sens plus à ma place et puis j'ai fait la rencontre d'un loup qui a su me faire retrouver mon pouvoir. »
J'avais bien commencé alors je devais continuer, je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin, allez !
« Et il a besoin de moi, comme j'ai eu besoin de vous lorsque Shiraha est partie... »
Je savais qu'elle comprendrait, maintenant que mes mots avaient quitté ma gorge, je me sentais à la fois angoissée à cause de sa réaction mais soulagée d'avoir pu lui dire. Je n'avais plus qu'à attendre.
Je reviendrais te voir, je te le promets !
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Quelque chose semblait déranger l’Épieuse, Mitsuko le sentait, elle le savait. Elle avait été là quand Suzuki avait perdu sa mère, elle avait été des lunes avec l’enfant, à l’aider à surmonter sa douleur. Elle savait à quel point c’était douloureux, elle savait qu’on ne s’en remettait jamais totalement. La Soigneuse le savait et elle avait fait de son mieux. Pour autant, elle n’était pas sûre d’avoir réussi…
« Je suis revenue hier soir de ma mission qui était d'enquêter sur ce fameux brouillard. J'ai... » Elle s’arrêta sans terminer sa phrase.
Mitsuko sourit doucement. Elle regarda avec tendresse la crème, l’encourageant à continuer. Suzuki semblait avoir peur, mais elle n’avait pas à avoir peur de la Lieutenante. Celle-ci ne dirait rien, elle écoutera patiemment et attendra d’avoir toute la situation en tête avant de dire quoi que ce soit. On ne peut pas juger si l’on ne connaît pas toute l’histoire.
« J'ai décidé de quitter la meute. Je ne me sens plus à ma place et puis j'ai fait la rencontre d'un loup qui a su me faire retrouver mon pouvoir. » Les oreilles de Mitsuko bougèrent légèrement mais elle ne perdit pas son sourire. « Et il a besoin de moi, comme j'ai eu besoin de vous lorsque Shiraha est partie... » Conclut l’enfant.
Elle semblait angoisser. Elle avait peur de la réaction de la vieille Soigneuse, cela se voyait. Doucement, Mitsuko se leva et vint s’asseoir à côté de la jeune louve. Avec tendresse, elle caressa son dos du bout de sa queue, comme pour la détendre. Finalement, elle prit la parole. Sa voix était douce et calme. Il n’y avait aucune once de méchanceté dans la Soigneuse tout entière.
- N’aie pas peur mon enfant, je comprends. Commença tendrement la tricolore. Il m’a toujours semblé qu’une partie de toi avait disparu en même que ta mère. Et malgré tous mes efforts, cette partie-là n’est jamais revenue à toi. Elle eut un petit sourire triste. Mais je vois qu’il a réussi à accomplir ce que j’ai jamais su faire, alors je suis heureuse pour toi, mon enfant.
La Lieutenante était sincèrement heureuse pour l’Épieuse. Elle avait passé du temps avec Suzuki, elle avait tissé un lien particulier avec elle, mais cela n’avait jamais suffi à combler ce vide que l’enfant avait au fond d’elle. Alors Mitsuko était contente de savoir que la beige avait enfin trouvé quelqu’un qui avait réussi à combler ce trou béant.
- Et si ton cœur te dit de partir, de le rejoindre pour être à nouveau heureuse, alors vas-y mon enfant, n’aie pas peur. Elle ajouta avec un sourire amusé. Et ne t’inquiètes pas, si jamais quelqu’un n’est pas d’accord avec ton choix, je ferais en sorte qu’il le soit, peu importe la méthode qu’il faudra utiliser ! Elle voulait que Suzuki se détende, qu’elle ne se sente pas coupable. Tu auras toujours une précieuse place dans mon cœur, mon enfant, où que tu sois et peu importe avec qui.
Ce n’était pas parce que la louve avait décidé de quitter les Taiyou que Mitsuko allait l’oublier. Peu importe ce qu’elle devenait, elle resterait l’un de ses « enfants » et la femelle l’aidera toujours !
Lorsque tu es partie, j'ai cru que je perdais ce qu'il y avait de meilleur en moi, que j'allais perdre la vie en même temps que je perdrais mon souffle. J'ai arrêté de respirer alors que ton corps si familier disparaissait au milieu de cette fumée dévorante qui t'avala sans que je n'ai pu réagir. Tu m'avais fait promettre de ne pas te suivre, qu'il fallait que je rentre pour aider la meute et que tu me rejoindrais dés que tu le pourrais... mais tu n'es jamais revenue et je n'ai jamais pu me pardonner de ne pas t'avoir suivi ce jour là. Je m'en veux de ne pas avoir suivi celle qui m'avait toujours montré la voie, celle qui avait veillé sur moi alors que ce jour où j'aurais pu te rendre la pareille, j'en avais tout simplement été incapable.
Je crois que j'ai toujours eu peur du regard que me lançaient les autres, ayant honte de me retrouver sans toi alors que tu étais la meilleure de nous deux.
Je n'avais pas pu te sauver et je m'en voulais.
Chaque regard que je supportais me rappelait la souffrance que m'apportait ton souvenir. Chaque parole "réconfortante" me ramenait à la douleur de ce fameux jour.
Et j'avais envie de hurler, hurler à pleins poumons jusqu'à m'étrangler dans un sanglot ininterrompu et douloureux.
Avais-je mérité de tant souffrir ? Étais-je une si mauvaise fille pour que tu m'abandonnes pour une inconnue... ? N'étais-je pas assez bien pour toi que tu as préféré partir dans ces flammes qui t'ont englouti ? Je m'en suis tellement voulue de ne pas avoir su être à ta hauteur, d'avoir échoué dans mon rôle de fille et en tant qu'épieuse dont tu aurais pu être fière...
J'ai tellement envie de savoir pourquoi... pourquoi tu m'as laissé...
J'étais jugée mais je pense, avec du recul, que j'étais celle qui se jugeait le plus, inconsciemment j'étais la plus dure avec moi-même. En dépit de tout ça, deux êtres ont su être là lorsque j'étais rongée par ces doutes, elles m'ont permis de garder la tête hors de l'eau lorsque les vagues étaient trop fortes et lorsque je me sentais plonger lentement vers les abysses.
La voix de la soigneuse me ramena à la réalité, elle avait fait fuir cette peur qui me dévorait encore à l'instant en une seule parole, un seul contact salvateur qui n'appartenait qu'à elle, alors je lui souris et sa réponse m'aida à aller de l'avant pour lui annoncer ce que j'avais à lui dire.
Mon cœur se sert alors qu'elle évoque ce vide que tu as laissé au fond de moi, cette absence douloureuse, ce sentiment d'abandon mais elle avait été là, tout comme Shime et j'étais reconnaissante de ce qu'elles m'avaient apporté alors que je te survivais.
« Je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. Je te promets que je reviendrai te voir. Tu étais comme une seconde mère pour moi... même si aucun loup n'aurait pu la remplacer... tu as été ce qui s'en rapprochait le plus à mes yeux. »
Je n'avais jamais souhaité te remplacer et rien ni personne ne l'aurait pu, tu étais unique et irremplaçable, il m'était insupportable d'imaginer prendre quelqu'un d'autre pour jouer le rôle de la maman protectrice alors que je t'avais perdu.
« J'ai peur de le dire à mon père. J'ai l'impression de l'avoir perdu en même temps que Shiraha et je pense que c'est ce qui a rendu cette épreuve encore plus difficile. Mais c'est grâce à vous si aujourd'hui j'ai pu prendre cette décision, je ne regrette rien. »
Un sourire se dessina sur mes babines alors que je terminais ma phrase, je vins frotter ma joue contre celle de Mitsuko pour la remercier.
La peur s'est envolée et la tristesse prendra bientôt sa place...
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